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Solenne Berthod Borcard à l’école suisse de Singapour

Résonances et Solenne Berthod Borcard, c’est une histoire qui en est à son 4e épisode.

 

Rencontrée en 2015 à quelques jours de sa première rentrée, elle nous parlait de ses années HEP et de la nouvelle enseignante qu’elle souhaitait être à Chalais et à Vercorin, puis en juin 2016 c’était l’occasion d’un petit bilan après une année d’expérience dans des classes de la 5 à la 8H. Nous l’avons ensuite retrouvée en juin 2017 et là elle était devenue titulaire d’une 7-8H et responsable du centre scolaire à Vercorin. Cette fois, l’échange s’est déroulé à distance, car elle enseigne à l’école suisse de Singapour, en 3-4H.

Solenne Berthod Borcard

Solenne Berthod Borcard

Après un contrat de deux ans, elle a pu prolonger son séjour d’une année. Avant cette expérience qu’elle trouve absolument géniale à vivre, elle connaissait déjà les écoles suisses de l’étranger, établissements privés d’utilité publique et confessionnellement neutres. Elle avait effectué un stage dans celle de Bogotá, alors qu’elle était en formation à la HEP-VS.

 

INTERVIEW

Qu’est-ce qui vous a motivée à partir enseigner à l’étranger?

Je désirais découvrir l’école dans un autre pays, pour être davantage au contact de la diversité culturelle et me confronter à d’autres défis afin de grandir dans mon métier. Je voulais cependant travailler dans une école suisse ayant une filière francophone pour rester dans le système éducatif que je maîtrise.

«Je désirais découvrir l’école dans un autre pays, pour être davantage au contact de la diversité culturelle.»
Solenne Berthod Borcard

 

Etait-ce votre souhait d’enseigner à des plus petits degrés?

J’avais le choix entre une 5-6H et une 3-4H et j’ai opté pour les plus petits, pouvant ainsi découvrir des degrés que je ne connaissais pas. Le saut a été difficile, mais maintenant je me sens à l’aise et je comprends pourquoi les contrats sont au minimum de deux ans, car il faut un peu de temps pour s’adapter. Cette année, comme cela avait été mon souhait de départ, on m’a proposé d’enseigner en 7-8H et j’ai décidé de rester en 3-4H. Qui l’eût cru!

Le métier d’enseignant est-il le même que celui que vous exerciez en Valais?

Pas tout à fait, car ici en plus du travail en classe nous sommes aussi des enseignants de l’école, et notre rôle est de la promouvoir, par le biais de photos ou de vidéos par exemple. Dès la postulation, les choses sont claires, donc il n’y a pas d’effet de surprise. S’investir dans ces projets supplémentaires se fait dans l’enthousiasme, peut-être parce que nous sommes une équipe de jeunes enseignants vivant tous loin de chez nous.

Avez-vous trouvé la diversité recherchée?

Absolument. La filière francophone de l’école accueille des élèves du monde entier, même si beaucoup viennent de Suisse, de France et du Canada. Comme la plupart des parents de nos élèves voyagent beaucoup, certains enfants passent d’un cursus à un autre, sachant que les écoles suisses ne sont implantées qu’à certains endroits, ce qui ajoute une hétérogénéité supplémentaire. Le challenge autour de l’apprentissage du français est dès lors bien différent de ce que j’ai connu en Valais. Le travail autour du vocabulaire doit être plus important, puisque les élèves ne sont pas en permanence dans un bain linguistique francophone. Cette année, j’ai un effectif particulièrement faible et sur mes onze élèves, j’en ai seulement deux qui parlent français à la maison.

La dynamique de classe est-elle différente?

Oui. Ici, tout le monde est expatrié, aussi les échanges linguistiques et culturels se font à l’échelle de la classe. Tous les enfants ont un bagage énorme qu’ils peuvent partager. Peut-être qu’en étant tous à l’étranger on porte une attention différente aux parcours de vie des autres, ce qui pourrait expliquer cette ouverture singulière à l’interculturalité.

J’imagine que l’anglais a une place importante dans l’école suisse à Singapour…
En effet. Mes élèves ont des cours d’anglais dans lesquels ils sont répartis selon trois niveaux en étant mixés avec ceux de la section germanophone. Souvent ils ont déjà un bon niveau. L’année passée, j’avais un élève qui parlait très bien le français et dont j’avais besoin parce que c’était une ressource pour ses copains, mais avec eux il avait naturellement tendance à s’exprimer en anglais.

Quel est le lien avec Singapour au sein de l’école?

L’école suit notamment le rythme des fêtes. Il y a peu, nous avons eu Deepavali et bientôt c’est le Chinese New Year qui sera célébré et nous préparons en classe des activités liées à ces événements. Dans l’école, les enseignants sont suisses, allemands ou français, mais pour les «Little Tots», avant la 1H, ils sont singapouriens. Pour l’un de mes cours, je collabore avec une collègue singapourienne indienne, ce qui est très intéressant. Quant à la chanson de l’école, elle mêle les langues.

Comment résumeriez-vous les principales ressemblances ou différences avec l’école que vous avez connue en Valais?
Cela reste une école suisse, parrainée par les cantons de Zoug et du Valais. Il y a beaucoup d’écoles internationales, c’est pourquoi le côté suisse est mis en avant telle une signature. Pour le sport, les élèves ont des uniformes avec le drapeau national, l’école est peinte en rouge et blanc et non loin de là, il y a le club suisse. Les projets, très nombreux, sont ici un vrai moteur. Nous avons par exemple réalisé un gigantesque calendrier de l’Avent où chaque classe représentait un pays et quotidiennement les parents pouvaient cliquer sur le code QR, découvrir la vidéo du jour, la recette, etc. Avec ma classe, nous avions choisi la Colombie et j’en garde un souvenir magique. Du côté de ce qui dépayse totalement, il y a la nature environnante puisque l’école est entourée par la jungle, qui est un écrin de verdure magnifique. Très souvent, des singes viennent nous dire bonjour ou voler de la nourriture.

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L’école suisse de Singapour

Qu’est-ce qui est le moins agréable dans votre expérience d’enseignante à Singapour?

Les familles expatriées ont en général au moins une personne qui travaille pour eux, s’occupant en partie des enfants, et ces «maids» ou «helpers», faisant partie du quotidien à Singapour, ne sont pas toujours traités avec bienveillance. Face à un tel modèle, certains élèves ont parfois en classe des comportements irrespectueux auxquels je n’avais jamais été confrontée et que j’ai dû apprendre à gérer. J’ai aussi eu beaucoup de peine avec les règles asiatiques très strictes liées au Covid. Fort heureusement, là on est en train de revivre et c’est cool.

Quels sont vos projets pour le futur?

Singapour est une bulle où tout est sous contrôle, avec des caméras partout, et je ressens le besoin d’avoir une plus grande liberté. J’envisage de faire une pause pour voyager dans d’autres pays, en en profitant toutefois pour visiter des écoles et apprendre pour enrichir ma manière d’enseigner.

En enseignant à des milliers de kilomètres du Valais, quel regard portez-vous sur son école?

Partout, l’école a des choses à améliorer. J’ai l’impression qu’elle est souvent inadaptée aux enfants d’aujourd’hui. Elle doit évoluer et en même temps chaque enseignant peut donner un souffle de nouveauté dans sa classe. Je trouve chouette tout ce que l’on peut partager au niveau de sa pratique professionnelle sur les réseaux sociaux. En Valais, je pense que les jeunes enseignants sont curieux et ont envie d’importer ce qui se fait de mieux dans la pédagogie Steiner, Montessori, avec l’école en forêt, la classe flexible, etc. L’élargissement des sources d’inspiration me semble être une bonne piste.

 

Propos recueillis par Nadia Revaz

 


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Ecole suisse de Singapour


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