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Samuel Délèze, coordinateur pédagogique à la Ville de Sion

Ce mois, le voyage dans le microcosme scolaire peut paraître de prime abord moins dépaysant qu’aller à la rencontre d’un concierge ou d’une secrétaire, puisque Samuel Délèze a été enseignant. Certes, mais la fonction de coordinateur pédagogique qu’il exerce aujourd’hui, avec ses contours particuliers, est unique en Valais. Sans enseigner, il est pourtant au cœur des établissements et des classes primaires rattachés à la direction des écoles de la Ville de Sion.

Le parcours scolaire de Samuel Délèze a été plutôt classique: école obligatoire à Nendaz et collège à Sion puis il part étudier la géographie à l’Université. Devant refaire sa 1re année, le directeur des écoles primaires de Nendaz a su qu’il avait peu d’heures de cours et l’a contacté pour lui proposer des remplacements. Entraîneur de foot, il appréciait le contact avec les enfants et c’était l’occasion de gagner un peu d’argent, donc il a accepté. «Après la première matinée, je suis rentré à la maison et j’ai décidé d’arrêter l’Uni et de m’inscrire à la HEP-VS», raconte-t-il à propos de ce déclic qui a modifié sa trajectoire. Diplômé en 2008, il effectue pendant une année et demie des remplacements avant de décrocher un poste à Finhaut, dans une classe à degrés multiples, au cycle 2. Avec le regroupement dans le cadre des écoles de l’Arpille, il a ensuite été directeur adjoint à 20% pendant une année, ce qui lui a permis de découvrir une autre facette de l’école. A la rentrée suivante, un poste dans une classe, alternant les 7H et les 8H, se libérant à Nendaz, il a pu revenir dans sa commune d’origine et de domicile. Il s’est vite investi comme chef de centre, puis comme représentant des enseignants du primaire à la commission scolaire. Lors du changement de direction en 2019, il postule sans succès. La déception passée, il voit l’annonce pour le poste qu’il occupe actuellement et se dit que le cahier des charges peut lui correspondre. «Je ne connaissais pas du tout cette fonction de coordinateur pédagogique propre aux écoles sédunoises et j’ai appelé mon prédécesseur Walter Bucher pour en savoir plus», explique-t-il. Samuel Délèze aime la variété de son métier et se sent stimulé par la dose régulière d’imprévus. Côté formation, il vient d’obtenir son CAS à la FORDIF (Formation en direction d’institutions de formation) et envisage déjà de poursuivre avec un DAS, appréciant ce réseautage cantonal et intercantonal autour de la thématique scolaire.

 

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Samuel Délèze dans son bureau à la direction des écoles

 

INTERVIEW

 
En quoi consiste votre fonction?

Je suis en quelque sorte un adjoint à la direction, avec un mélange de tâches administratives et sur le terrain. Je joue un rôle de conseil auprès de Jean-Pierre Meyer, directeur des écoles de la Ville de Sion, cependant mon activité principale consiste à accompagner les acteurs de l’école, qu’ils soient enseignants, élèves ou parents. Je me définis comme un facilitateur du quotidien scolaire.

 

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«Notre mission, c’est aussi de
souligner tout ce qui va très bien dans nos écoles.»
Samuel Délèze
 

Avec qui collaborez-vous régulièrement?

Au sein de la direction, nous travaillons en équipe et avons un colloque hebdomadaire, ce qui nous permet de déterminer les options d’interventions en fonction des problématiques posées. Au quotidien, je suis en contact avec Julien Félix, le médiateur scolaire ayant remplacé Stéphane Germanier, avec Nicole Antille, la coordinatrice de l’enseignement spécialisé et responsable du CPS, ainsi qu’avec Karin Marx qui gère les classes bilingues et allemandes à côté de son activité à la HEP. Les maîtres principaux des centres scolaires sont par ailleurs un relais important des préoccupations du terrain. Depuis cette année, Philippe Locher a été engagé comme enseignant ressource pour le vivre-ensemble à l’école (ndlr: ERVE), et ces nouvelles synergies apportent déjà un complément intéressant. Dans un souci de verticalité, la collaboration est également assez étroite avec les deux CO régionaux de Sion.
 
 
Allez-vous dans les classes?

Oui, assez régulièrement, notamment avec l’inspecteur scolaire Jean-Claude Aymon lors des visites effectuées auprès des nouveaux enseignants. J’y vais également à la demande d’enseignants pour observer une situation spécifique et croiser les regards.
 
 
Quels sont les principaux besoins des enseignants et des classes?

Les principales demandes concernent l’intégration de certains élèves ou sont liées au climat de classe. Ces derniers temps, je ressens que les enseignants sont fatigués et ont besoin d’être encouragés. Notre mission, c’est aussi de souligner tout ce qui va très bien dans nos écoles. Pendant la période Covid, je rédigeais une Newsletter mettant en avant l’une ou l’autre activité et je me dis qu’il faudrait communiquer davantage pour valoriser les projets menés par les enseignants.
 
 
Vivez-vous des moments de découragement dans votre job?

Parfois, lorsqu’une décision met du temps à se transformer en action indépendamment de ma volonté. Foncièrement optimiste, je dépasse toutefois rapidement les moments de doute pour rebondir.
 

«Je me définis comme un facilitateur du quotidien scolaire.»
Samuel Délèze

 
La pénurie d’enseignants vous préoccupe-t-elle?
 
Cette année, nous avons reçu moins de dossiers de candidatures pour les postes mis au concours, ce qui est inquiétant et la pénurie concerne déjà très fortement les remplacements, même prévisibles. Avoir plusieurs remplaçants à la suite dans une même classe n’est pas la solution. Le fait que certains jeunes diplômés de la HEP enseignent une année ou deux et arrêtent doit nous questionner.
 
 
Comment mieux épauler les enseignants dans leur quotidien?
 
A la HEP, les possibilités de l’intervision sont explorées et c’est une approche probablement à transposer dans nos écoles. Je suis persuadé que beaucoup de problématiques pourraient être résolues par les enseignants eux-mêmes dans un contexte de collaboration, ce d’autant plus que beaucoup d’entre eux ont ce désir de partager leurs soucis et de chercher ensemble des solutions. Quantité de ressources internes à l’école, dont la complémentarité entre les enseignants et les thérapeutes, sont insuffisamment sollicitées.
 
 
A vos yeux, quel est l’enjeu majeur de l’école aujourd’hui?
 
C’est assurément l’intégration pédagogique du numérique dans les classes, ce qui englobe l’éducation aux médias et la prévention. Au niveau communal, nous avons lancé un groupe de travail pour la mise en place du PER numérique qui va entrer en force l’année scolaire prochaine dans les grands degrés.
 
 
Ce changement est-il compris par tous?
 
Non, mais nous avons pour tâche d’expliquer aux parents et aux enseignants la plus-value pédagogique du numérique afin de les rassurer. Notre but n’est pas d’avoir dans les classes des écrans allumés toute la journée. Le numérique offre la possibilité d’utiliser certains outils susceptibles d’apporter une aide ponctuelle aux apprentissages. Pour favoriser cette évolution des pratiques enseignantes, nous allons créer des postes de personnes-ressources par demi-cycle, avec une phase test qui sera évaluée.
 
L’école sédunoise est-elle ouverte aux nouvelles approches pédagogiques, comme la classe flexible?
 
Il s’agit de garantir la liberté pédagogique, car c’est du ressort des enseignants de voir ce qui leur correspond et convient à leurs élèves et à nous de tout faire dans la mesure du possible pour les aider. La difficulté, c’est d’avoir une vision d’ensemble, tout en laissant chaque enseignant ajouter une coloration personnelle à sa pratique. Le risque à ne pas négliger, c’est de perdre de vue une certaine cohérence pédagogique et c’est pourquoi on doit avoir des garde-fous pour éviter une trop grande disparité des pratiques, en pensant aux élèves qui changent de classes et doivent s’adapter.
 
 
Si vous aviez la possibilité de modifier une seule chose dans l’école, que choisiriez-vous?

J’aurais deux vœux, l’un utopiste et l’autre un peu plus réaliste. Dans mon idéal, je rêverais de gommer les inégalités entre les élèves au niveau de leurs compétences et pour ce qui est de l’accompagnement à la maison. Mon autre souhait serait de diminuer les effectifs de classe pour permettre aux enseignants d’avancer plus sereinement dans le programme et avoir plus de temps et d’attention à accorder à chaque élève, qu’il soit ou non en difficulté.
 
 
Propos recueillis par Nadia Revaz