Skip to main content

Echo de la journée de formation du RE21 VS sur le vivre ensemble

Le 10 novembre dernier a eu lieu la demi-journée de formation annuelle pour le Valais romand sur «le vivre et savoir vivre ensemble» au Lycée Collège des Creusets à Sion. C’était l’occasion de réunir les membres du réseau valaisan d’écoles21, dit aussi réseau d’écoles en santé et durables. Le menu était composé de diverses informations, d’une conférence et d’un atelier à choix.

 
Après le mot de bienvenue de Jean-Bernard Moix, directeur de Promotion santé Valais, Claire Hayoz, co-coordinatrice du Réseau romand d’écoles21, a signalé quelques actualités, dont le lien vers la nouvelle base de données des écoles membres visant à faciliter le réseautage, le dossier élaboré par éducation21 autour de la thématique du vivre ensemble ainsi que le catalogue de ressources pédagogiques. Yaëlle Linder, co-coordinatrice du RE21 valaisan et organisatrice de la journée, a mis en avant les relations du réseau avec divers partenaires, dont le Service de l’enseignement et la HEP-VS et indiqué la création d’un groupe LinkedIn pour valoriser les exemples de bonnes pratiques de la 1H au secondaire II général et professionnel.

Ensuite, Nicolas Burel, enseignant-chercheur à la HEP Vaud et représentant français du Réseau européen de psychologie positive, et Nicolas Bressoud, formateur en gestion de classe et hétérogénéité à la HEP Valais et doctorant en pédagogie spécialisée à l’Université de Fribourg, ont donné une conférence en duo. Les deux Nicolas ont mis l’accent sur la force du lien entre l’acquisition des disciplines académiques et la dimension de santé & bonheur chez les élèves, mais aussi chez les enseignants, et présenté brièvement le modèle des 24 forces de caractère d’après Peterson & Seligman ou la boîte à gratitude.

Lors de la dernière partie de l’après-midi de formation, les participants se sont répartis dans huit ateliers.

Adeline Derivaz et Sophie Terrettaz


Dans l'atelier sur les forces de caractère, avec Adeline Derivaz et Sophie Terrettaz

Conférence avec Nicolas Burel et Nicolas Bressoud


Lors de la conférence, avec Nicolas Burel et Nicolas Bressoud

INTERVIEW DE NICOLAS BUREL

Nicolas Burel fait partie de l’Unité d’enseignement et de recherche «Didactiques de l’éducation physique et sportive» de la HEP Vaud depuis juillet 2020. Avant cela, son parcours professionnel s’est déroulé en France.

 

Nicolas Burel

«Les compétences psychosociales sont un prérequis pour les apprentissages.»
Nicolas Burel


Qu’est-ce qui a déclenché votre curiosité pour les compétences psychosociales en contexte scolaire?

J’ai commencé par enseigner l’éducation physique et sportive dans des collèges et lycées en France, et j’ai progressivement compris que ce qui m’intéressait dans ce métier, c’était moins d’apprendre aux élèves à faire un tir au panier que de les accompagner dans leur progression. Ce cheminement m’a conduit à me questionner sur la dimension des émotions dans l’éducation et à rédiger une thèse en lien avec l’épanouissement et l’épuisement professionnel chez l’enseignant en EPS. De proche en proche, j’ai mesuré l’importance des compétences émotionnelles en contexte scolaire, étant aujourd’hui persuadé que ces dernières devraient être un enjeu de formation des enseignants avant d’être un objet d’apprentissage des élèves.

A travers votre expérience, estimez-vous que la situation du développement des compétences psychosociales à l’école soit similaire en France et en Suisse?

Ces compétences ou capacités transversales figurent dans les textes officiels, mais les cultures suisses et françaises de l’enseignement s’attachent moins que d’autres à l’outillage dans ces domaines, du fait que dans nos pays les contenus disciplinaires priment. Les compétences psychosociales sont pourtant de mon point de vue un prérequis pour les apprentissages, surtout chez les élèves les moins scolaires qui n’ont pas les codes pour apprendre dans de bonnes conditions et qui ne les auront donc pas ensuite dans leur vie professionnelle si l’école ne s’en préoccupe pas. Je découvre qu’il y a ici une vraie attention pour que l’élève prenne du plaisir à apprendre en cours d’éducation physique, alors qu’en France l’accent est davantage mis sur l’apprentissage. Avant, je ne cessais de répéter que le jeu aiguise les mécanismes émotionnels et motivationnels à la base de l’apprentissage et dans le contexte vaudois j’ai plus tendance à rappeler qu’on a le droit de jouer sur la frustration de l’élève et de faire de la compétition, sachant que ce n’est pas parce qu’on évacue cet état d’esprit de l’école qu’il disparaît de la société.

Le malentendu ne vient-il pas du fait que d’aucuns limitent la psychologie positive à la réussite, en voulant gommer les échecs?

Exactement. C’est un raccourci que de croire que le plaisir doit être associé à zéro frustration et zéro effort, alors que cela n’apparaît pas dans le discours de la psychologie positive. Les notions d’engagement et de persévérance sont des outils de construction de soi. Dans ce sens, la compétition permet à l’individu de donner le meilleur de ce qu’il est et de comprendre qu’il arrive que l’on perde en ayant été bon. Lors de l’évaluation, on peut faire entrer des composantes de progrès et de maîtrise et là on retrouve la notion de climat scolaire.

Le projet de promotion de la motivation et du bien-être «ProMoBe» auquel vous êtes associé ne se focalise pas seulement sur les élèves, mais aussi sur les enseignants. Est-ce une manière de travailler à la fois sur l’enjeu de formation et l’objet d’apprentissage?

Tout à fait, car souvent les programmes de formation se limitent à l’élève, oubliant que l’enseignant doit être accompagné dans le développement de ses propres compétences. L’émotion est l’étincelle susceptible de déclencher des phénomènes motivationnels, d’où l’importance de comprendre son fonctionnement. La motivation de l’élève ne dépend pas entièrement de l’enseignant, car c’est une responsabilité partagée, qui implique aussi la sphère familiale et la culture d’établissement. Dès lors, ce qui marche le mieux, ce sont les programmes qui entraînent tout l’établissement scolaire dans un projet de formation progressif.

INTERVIEW AUTOUR D’UN ATELIER

Adeline Derivaz, enseignante en primaire dans plusieurs classes au sein de l’école régionale de la vallée d’Entremont, et Sophie Terrettaz, enseignante en 7-8H à Versegères, et toutes deux en possession d’un diplôme universitaire de psychologie positive, ont animé l’atelier sur les 24 forces de caractère, expliquant en quoi ces dernières, réparties en 6 vertus, se distinguaient des talents ou des dons. Elles ont présenté les outils PER-compatibles qu’elles ont co-construits puis testés dans le cadre de leur formation à l’Université de Grenoble Alpes.

Adeline Derivaz 

 «Les forces et les ressources de mes élèves me sautent plus facilement aux yeux.»
Adeline Derivaz

 

Sophie Terrettaz

«Nous avons pu observer une légère amélioration du bien-être des élèves.»
Sophie Terrettaz

Comment vous est venue l’idée de vous intéresser à la thématique des forces de caractère en classe?

Adeline Derivaz: Nous avons eu la possibilité de nous rendre à une journée organisée par l’Association romande d’éducation et de psychologie positives et ce fut l’occasion d’entendre la spécialiste du domaine Rebecca Shankland et d’autres intervenants. Pour ma part, je n’avais pas d’attente particulière et je ne pensais pas me lancer dans une formation à la suite de cette journée.

Sophie Terrettaz: Nous connaissions Nicolas Bressoud, aussi cela nous a certainement incitées à nous rendre à cette journée, même si je me questionnais déjà sur ce que la psychologie positive pouvait proposer pour mettre en place les conditions d’un fonctionnement optimal des élèves. Ni une ni deux, nous nous sommes inscrites à la formation à Grenoble, organisée en partie à distance, sur une année scolaire.

Dessin d'un enfant à propos des forces

Dessin d'un élève

Quelle était la visée de vos outils sur les forces de caractère? Et quel en a été le résultat?

Adeline Derivaz: Nous voulions vérifier si l’exploitation des forces à travers les outils que nous avions co-construits augmentaient ou non le bien-être des élèves, aussi nous l’avons expérimenté dans trois groupes, le premier n’ayant pas du tout travaillé sur les forces, le deuxième y ayant été sensibilisé, et le troisième, représenté par nos deux classes de 7-8H, ayant réalisé le travail en cinq étapes.

Sophie Terrettaz: Nous avons pu observer une légère amélioration du bien-être des élèves, mais cela n’a en aucun cas été une baguette magique. C’est tout de même encourageant, car ces dimensions mesurées avaient été travaillées seulement sur cinq semaines. Cette année, nous avons prévu de les aborder sur un laps de temps plus étendu, ce qui permet de raviver ponctuellement le vocabulaire et de relever les forces lorsqu’elles apparaissent en classe et, si nécessaire, de relancer certaines activités. 

Pensez-vous qu’il faille obligatoirement se former pour utiliser ce type d’outils?

Adeline Derivaz: J’estime qu’un moment d’appropriation est nécessaire, pour bien comprendre les concepts et pouvoir ensuite les utiliser avec les élèves. Autrement, malgré les bonnes intentions, on peut vite partir dans la mauvaise direction, en voulant développer les forces moins présentes chez les élèves plutôt que de s’appuyer sur celles déjà présentes.

Sophie Terrettaz: Je suis d’accord avec le terme de moment d’appropriation. Il s’agit d’entrer dans la démarche et pour cela il faut que l’enseignant soit convaincu par l’approche. 

Quel impact avez-vous observé sur les élèves?

Sophie Terrettaz: Plusieurs études montrent une amélioration de l’engagement, ce que nous n’avons pas pu constater de manière évidente. Nous avons surtout observé de petites touches positives.

Adeline Derivaz: Plusieurs élèves, et même parmi les très bons, avaient dit avoir apprécié ce travail, parce qu’en classe ils avaient l’impression que c’était l’un des rares moments où l’on évoquait ce qu’ils avaient de positif.

Et pour vous, qu’est-ce qui a changé?

Adeline Derivaz: Je constate que les forces et les ressources de mes élèves me sautent plus facilement aux yeux et je suis davantage sensible aux efforts qu’ils produisent.

Sophie Terrettaz: J’ai identifié qu’en tant qu’enseignants nous pensons toujours à avancer dans le programme, mais sans prendre suffisamment le temps de préparer le terrain. Nous avons tendance à oublier que les apprentissages sont tellement plus faciles si les élèves sont heureux en classe, bien avec leurs camarades et ont confiance en eux.

Propos recueillis par Nadia Revaz
 


POUR EN SAVOIR PLUS

Réseau suisse d’écoles en santé et durables (RE21)

Ressources education21

Dossier «Vivre ensemble»

Réseau valaisan d’écoles en santé et durables (RE21 VS)

Promotion santé Valais

Infos en lien avec la journée de formation

Groupe LinkedIn Réseau d’écoles21 – Valais

Projet ProMoBe

Promotion de la motivation et du bien-être à l’école

Vidéo de présentation