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Visite artistique virtuelle: travaux de collégiens du LCP

Résonances vous invite à une visite virtuelle des projets de maturité 2024 présentés par les onze élèves de la classe en OS (option spécifique) Arts visuels de Line Evéquoz au Lycée-Collège de la Planta à Sion.

Line Evéquoz explique que ces travaux ont été réalisés à raison de 4 heures de cours par semaine de mi-janvier à début mai, avec pour certains un investissement personnel supplémentaire parfois conséquent. Chacun des projets devait être complété par un carnet au format libre pour présenter la démarche et les sources d’inspiration. L’enseignante apprécie tout particulièrement les échanges avec les jeunes autour de ces projets d’art de fin de maturité. «C’est l’occasion d’avoir avec eux un dialogue privilégié et c’est toujours un défi passionnant de les accompagner dans leur démarche artistique en dernière année du collège», souligne-t-elle. Et d’ajouter : «Certains ont comme point de départ une idée à exprimer et d’autres l’envie d’explorer une technique, d’où cette grande diversité des œuvres présentées.»

Découvrons les travaux de ces onze jeunes qui tous ne se destineront pas forcément à un avenir artistique, mais qui auront pris le temps dans le cadre de leur travail de maturité de laisser place à leur imaginaire afin de parler de leur monde ou du monde. Line Evéquoz est fière du résultat de l’ensemble ayant été présenté dans le hall et certains couloirs du LCP jusqu’au 12 juin dernier et elle relève la touche très personnelle présente dans chacun des projets. Et si certains travaux sont artistiquement plus aboutis que d’autres, rappelons qu’il s’agit de projets, avec parfois des changements d’idées et souvent des obstacles notamment techniques à dépasser ou à contourner.

 

  

Tony Felley
Laissez-moi dormir
90 cm x 190 cm x 50 cm
Techniques mixtes
La fusion du mannequin avec le matelas montre la dépendance de l’humain au sommeil qu’il utilise pour échapper à la réalité.

Ce travail de Tony Felley, mêlant art et artisanat, en incluant couture à la main et broderie, donne à voir la fusion entre une personne qui dort et son matelas. Les tons choisis, tout en harmonie, et les matériaux, avec une partie de l’intérieur du matelas enveloppant la dormeuse, accentuent cette perception où l’humain et le sommeil ne font qu’un. Le projet se base sur une réflexion relative à la part de sommeil dans nos vies, diverse selon les personnes et au fil des ans, pouvant conduire au sommeil sans fin, autrement dit à la mort, les deux thèmes étant souvent liés dans l’art.


Césarine Escher
Coup de main
70 cm x 90 cm x 30 cm
Acrylique sur bois, techniques mixtes  

Césarine Escher évoque dans son travail biface sa préoccupation liée à la crise climatique et interroge la question du militantisme sans en faire la propagande. Si d’un côté une main est collée sur une autoroute, de l’autre, au milieu de lieux de pollution, une main se dirige vers le spectateur. On imagine vite toutes les difficultés du moulage et de sa jointure avec la toile. Dans son carnet, elle raconte ses inspirations cinématographiques, avec le combat mené par Erin Brockovich, seule contre tous et celui d’activistes dans How to blow up a pipeline.


Maxine Genis 
Vision Omnisciente
30 cm x 30 cm x 30 cm
Petits éléments, argile, bois, techniques mixtes 

L’anxiété sous toutes ses formes est au cœur du travail intitulé Vision Omnisciente. Maxine Genis a réalisé deux œuvres distinctes, l’une centrale, constituée par un cube en bois recouvert de terre autodurcissante et l’autre secondaire, composée de 17 petites boules ayant la forme de globes oculaires peints avec réalisme. Les regards émanant de personnes ayant une attitude de jugement laissent des traces et parfois des cicatrices, d’autant plus profondément qu’ils peuvent venir d’un peu partout. La démarche artistique de Maxine Genis vise à inciter à la libération de la parole sur ces regards omniscients et destructeurs.


Ambre Dresselaers
Planète B
63 cm x 65 cm x 43 cm
Techniques mixtes sur bois
Planète B est un endroit imaginaire futur qu’occupent les humains après l’extinction de la Terre.
Là-bas, les habitants vivent en harmonie avec la nature, profitant amplement et raisonnablement de ses ressources.

En partant d’une racine de bois décapée puis recouverte d’une peinture sableuse et granuleuse que l’on retrouve sur la couverture du carnet qui accompagne son travail, Ambre Dresselaers crée sa représentation de la planète B. Celle-ci est minimaliste et absolument pas ronde du tout, aussi il faudra encore bâtir. Cette vision d’un scénario bis avec un nouveau monde sur lequel les humains vont pouvoir vivre se veut optimiste.


carnet2

Mara Coudray 
Le mariage de l’innocence
diam. env. 1 m 50 x 2 m Hauteur 
Tissu, techniques mixtes

Certains travaux interpellent au premier regard et c’est le cas de celui intitulé Le mariage de l’innocence. Mara Coudray a eu l’idée de ce projet lors d’un voyage en Inde, en découvrant que la problématique des mariages d’enfants y était encore très fréquente malgré leur interdiction en 1929. Le mobile met en scène une fillette dans sa robe de mariée bien trop grande, confectionnée dans un tissu de saree indien et sa couronne de tulle. La scène morbide renvoie à une réalité qui perturbe et ne se limite pas à l’Inde, d’où les petites poupées sans visage de différentes couleurs tricotées autour de la grande qui s’est pendue.


 Elin Nemeth
La tragédie de l’illusion
2x / 100 cm x 75 cm
Peinture à l'huile sur toile

Elin Nemeth a choisi la peinture à l’huile pour mettre en lumière deux espèces animales menacées d’extinction, à savoir le cerf d’eau et le chat de Pallas. Des fleurs ajoutent à la dimension esthétisante de l’œuvre tout en étant sans lien avec l’habitat des animaux représentés, comme pour ajouter une part d’absurde. Dans La tragédie de l’illusion, le message du drame causé par le braconnage et le réchauffement climatique se cache sous l’apparence de la beauté. Ce travail n’est pas sans résonances avec La panthère des neiges sublimée dans le livre de Sylvain Tesson.


 

Julie Ballestraz 
Life destruction
3 panneaux / 80 cm x 65 cm
Acrylique sur bois, effet béton, pochoir

Life destruction, œuvre composée de trois panneaux utilisant la technique de la peinture sur pochoir, interroge les regards des spectateurs à propos de l’impact de la technologie sur les relations sociales. Le message est clair et questionne la frontière entre réel et virtuel. L’image de la personne promenant son téléphone portable au bout d’une laisse ne semble pas si futuriste, en regardant les deux autres scènes appartenant au monde actuel. Le projet de Julie Ballestraz, en se fondant dans le mur avec un effet béton, a d’autant plus d’impact, puisque ce procédé met davantage en lumière les trois scènes peintes.


 Lisa Evéquoz
Sous migraines
50 cm x 50 cm x 25 cm
Techniques mixtes

Lisa Evéquoz a choisi d’exprimer la douleur ressentie sous migraines, un mal qu’elle connaît de l’intérieur et qui touche environ 15% de la population. Le buste a été créé à partir d’une structure en fils métalliques recouverte de couches de journaux assemblés à la colle d’amidon. Le fait de voir directement des masses informes à la place d’un œil et d’une partie du corps aide à prendre la mesure de cette souffrance méconnue pour ceux qui ne l’ont jamais ressentie. Quant aux migraineux, ils se retrouveront certainement dans cette représentation artistique et ensanglantée de leur souffrance invisible mais pas indolore.


Eliza Beka 
In touch with reality
Triptyque, 80 cm x 140 cm 
Acrylique sur toile 

Pour son projet, Eliza Beka a choisi d’explorer la dualité entre l’imaginaire et la mort en reprenant des codes artistiques religieux, dont le triptyque, mais en revisitant les symboles avec un ancrage contemporain. Au centre, on ne trouve pas une scène biblique ou la vie d’un saint, mais des mains et un cerveau, soulignant la complexité humaine. Tout semble réfléchi dans cette œuvre, qu’il s’agisse de l’histoire racontée en trois panneaux qui à la fois se distinguent et se répondent ou du choix de cette palette de couleurs si douces et presque irréelles. L’art invite ici à une méditation allégorique.


Chloé Picard 
Le destin Mendelssohn
Dessin animé, env. 1 minute 40
Animation Procreate Dreams

Chloé Picard, musicienne, a opté pour la réalisation d’un dessin animé sur le destin artistique de Fanny Mendelssohn éclipsé par celui de son frère Félix, à une époque où le talent des femmes n’était absolument pas mis en lumière. Ce destin oublié l’a touchée. Après l’étape du story-board, elle a dessiné les personnages, en songeant même aux détails du mouvement des lèvres, puis les décors privilégiant l’imaginaire plutôt que la reconstitution historique.


 Eros Fiore
L’ombre de l’homme
60 cm x 60 cm x 60 cm
Bois, métal

Eros Fiore a réalisé un mobile suspendu par le bas dans l’esprit des «stabiles» d’Alexandre Calder. Avec son travail intitulé L’ombre de l’homme, en fonction de son positionnement le spectateur découvre une déclinaison de l’homme de Vitruve, célèbre dessin de Léonard de Vinci connu sous l’angle des proportionnalités, ou l’homme au pistolet ou encore les deux ombres communiquant entre elles. Le savoir et la violence s’affrontent dans cette sculpture en bois avec des fils de fer à souder qui a nécessité assurément des compétences manuelles pour sa réalisation.


Nadia Revaz


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