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Pédagogie et émotions au service de la croissance des enfants

 «Deviens ce que tu es», écrivait saint Augustin. Pour accompagner les enfants et les jeunes sur ce chemin de croissance, l’école Holiskol, à Rennes, propose une pédagogie qui sollicite toutes les dimensions de la personne (corps, cœur, esprit). 

Nous avons rencontré sa fondatrice, Ségolène de Noüel, avant son passage en Valais pour une conférence sur un thème qui lui est cher: faire grandir grâce aux émotions.

Segolene de Nouel

Ségolène de Noüel est la fondatrice de l’école Holiskol à Rennes.

 

La pédagogie d’Holiskol s’appuie sur la théorie des intelligences multiples. De quoi s’agit-il?

Accompagner un enfant dans sa croissance passe par son éducation et son instruction. La théorie des intelligences multiples, élaborée par Howard Gardner (neuropsychologue et professeur à l’université d’Harvard) repose sur l’idée que tous les êtres humains (de la planète) ont 9 intelligences: visuelle et spatiale, auditive, kinesthésique, linguistique et verbale, logico-mathématiques, naturaliste, intrapersonnelle, interpersonnelle et existentialiste. Toutes ces habiletés, bien développées, nous permettent de vivre en harmonie avec notre environnement. Nous sommes donc tous intelligents et de différentes manières, selon notre histoire et notre vie actuelle.
J’ai trouvé cette théorie lumineuse et l’ai tellement souvent vérifiée: untel a des talents d’organisateur, de dessinateur, de leader, d’orateur; un autre a une formidable mémoire, une habileté physique étonnante ou est un coéquipier hors pair! Que de talents à découvrir, révéler et développer! Je crois que chacun de nous a une mission sur cette terre et a reçu des talents pour remplir cette mission.
Quand j’ai écrit cette pédagogie, j’ai tout naturellement pensé que la mission des enseignants n’était pas seulement d’apporter des connaissances aux enfants, mais de développer toutes leurs intelligences. C’est une vision holistique de la personne que je pense essentielle pour son équilibre! Les séances d’apprentissage en classe vont dans ce sens: solliciter les différentes intelligences de chaque élève en prenant en compte ses dispositions émotionnelles, intellectuelles et physiques.

 

Quelles pistes pouvez-vous donner aux enseignants de l’école publique qui souhaiteraient tenir compte de cette pédagogie?

Une école est un lieu de vie dans lequel l’enfant vit beaucoup et longtemps. Il est confié à des enseignants avec lesquels il vit des émotions et des événements en toute spontanéité. La confiance entre les parents et l’équipe éducative est donc essentielle. Il faut pour cela des relations de qualité et régulières entre ces adultes. L’enfant, ainsi bien entouré, se sent en sécurité ; c’est une condition indispensable pour qu’il soit disponible à ses apprentissages!
Il importe que, de leur côté, les enseignants croient en cette pédagogie. Lorsque chaque professeur connaît et accompagne ses élèves personnellement et en groupe, il peut identifier leur profil intellectuel et émotionnel, et proposer des activités adaptées à chacun.
À chaque moment de la journée, l’enfant apprend des savoirs, des savoir-faire ainsi que des savoir-être. On pourra veiller à aborder également des sujets tels que la gestion des émotions, la communication et la gestion de conflit.

«La gestion des émotions est fondamentale.»
Ségolène de Noüel

Vous avez également co-écrit la collection «Mes émotions, j’en fais quoi?» (Ed. MAME, 2018). En quoi cette formation à la gestion des émotions vous semble-t-elle si importante aujourd’hui?

La gestion des émotions est fondamentale: l’être humain entre en contact avec son environnement à travers ses cinq sens et réagit à lui selon différentes émotions. C’est bien cette réaction à son environnement qu’il est important de guider pour aider chaque enfant à s’adapter à ses situations de vie. Nous sommes des être sociaux, appelés à vivre avec soi et les autres. Ainsi, comprendre ce que je ressens de mon environnement et comment j’interagis avec lui est essentiel pour trouver ma place dans le monde et vivre heureux! L’observation et l’écoute sont des moyens puissants pour être bien présents dans ces accompagnements.

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Quelles pistes pouvez-vous donner aux parents ou aux enseignants pour faire des émotions une occasion de croissance?

La première démarche est de comprendre et d’utiliser mes propres émotions en tant que parent ou enseignant. Avoir une bonne maitrise de ce processus de gestion est essentiel avant de pouvoir accompagner ou guider un enfant ou un jeune. Cette pratique de gestion de mes émotions doit devenir une habitude, un réflexe, qui passe d’abord par la volonté de la mettre en place et de manière quotidienne.
Avec les enfants, il est important aussi de les aider chaque jour à s’écouter et à utiliser leurs propres émotions. Ensuite, il faut savoir que les émotions ne sont ni «bien» ni «mal», elles sont intrinsèques à notre nature humaine et des guides extraordinaires pour vivre de notre mieux. La colère par exemple est une force précieuse qui nous permet de nous protéger quand on se sent envahi. Le problème n’est donc pas la colère en elle-même, mais comment on l’exprime vis-à-vis de notre entourage: suis-je dans le respect de moi ou des autres? La tristesse est un signe que nous avons besoin de prendre soin de nous et d’être au calme.
Toutes les émotions concourent à notre protection et notre bien-être. Elles nous permettent ainsi d’être plus juste avec moi et avec les autres. C’est cette harmonie de vie qui fait de moi un être en croissance.

«Que de talents à découvrir, révéler et développer!»
Ségolène de Noüel

  

Propos recueillis par Emile Friche
Service diocésain de la catéchèse
 


Informations relatives à la conférence