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Département de l'économie et de la formation: des élèves gèrent la cafèt’

En étroite collaboration avec le Service de l’enseignement (SE) par son Office de l’enseignement spécialisé (OES) et le Service administratif et des affaires juridiques de la formation (SAAJF), le Département de l’économie et de la formation (DEF), dirigé par le conseiller d’Etat Christophe Darbellay, a élaboré un concept original dans le cadre de la gérance de la cafétéria au 4e étage du bâtiment Aymon situé sur la place de la Planta à Sion. Celui-ci vise à responsabiliser des jeunes en situation de handicap. Depuis le 9 janvier 2023, deux élèves des classes d’adaptation du Cycle d‘orientation de St-Guérin de Sion sont présents durant le service du matin, accompagnés par Eveline Nicolet, aide à la vie scolaire (AVS) engagée par le Centre pédagogique spécialisé (CPS) régional. Rencontre avec Délia et Kilian ainsi qu’avec leur responsable qui les assiste.

L’idée de ce projet, particulièrement adapté au volet formation du DEF, revient à Guy Dayer, chef de l’OES. Du lundi au vendredi, selon un tournus hebdomadaire, deux jeunes d’une même classe ou de deux classes différentes acquièrent des compétences concrètes en servant des clients réguliers ou non. Samuel May, enseignant spécialisé qui assure la liaison entre les trois classes d’adaptation et avec le Département pour ce projet, indique que tous les jeunes ne peuvent pas y participer, car il faut faire preuve d’une certaine autonomie, ne serait-ce que concernant les déplacements, et que de plus tout est basé sur le volontariat. «C’est une solution idéale pour permettre à nos élèves de découvrir quelques facettes du monde professionnel et s’essayer à la mise en pratique de connaissances apprises en classe», explique-t-il. Il note que les jeunes reviennent en classe avec un sentiment de satisfaction et de fierté. Pour que les parents adhèrent à ce projet-pilote, il a fallu leur montrer les compétences visées, notamment sur le plan de la communication ou de la mémorisation, en indiquant la plus-value du transfert d’un contexte à un autre. Comme cette organisation concerne de manière roulante les enseignants de trois classes (Annick Torrent, Carole Schmid, Natacha Lerjen et Samuel May), cela n’empiète pas trop sur le programme scolaire.

 

Interview pendant le service

La discussion avec les deux jeunes et l’aide à la vie scolaire s’est déroulée le lundi 13 février dernier à partir de 8h30, pendant la mise en place, donc dans les conditions réelles de leur activité. Eveline Nicolet souligne tout d’abord qu’elle n’imaginait pas se retrouver dans une cafétéria dans son activité d’aide à la vie scolaire. Ancienne assistante en pharmacie et travaillant depuis août dernier à Cerebral Valais, elle relève un défi dans un univers qu’elle ne connaissait pas. Il est vrai que cet accompagnement n’est pas celui auquel on pense immédiatement en imaginant le travail d’une AVS. Délia et Kilian ont quant à eux été tout de suite motivés lorsqu’on leur a parlé de cette aventure en dehors des murs habituels de l’école, même s’ils ne savaient pas vraiment en quoi cela consisterait exactement. N’ayant jamais travaillé dans un café, Eveline Nicolet est venue deux ou trois fois discuter avec l’ancienne gérante afin de s’initier à son nouveau métier de responsable de cafétéria. Après expérience, cela se passe bien avec tous les duos, même si la variation des compétences implique de s’adapter au quotidien. «Tous les jeunes sont chouettes et c’est un vrai plaisir de les accompagner et de les voir évoluer», commente-t-elle.

 

cafet Kilian Delia Eveline Nicolet1

Kilian, Eveline Nicolet et Délia

 

Tout en essuyant la vaisselle et en allant chercher du café pour remplir la machine, Délia et Kilian racontent en quoi consiste leur travail. Ils expliquent que tout commence avant et se termine après le service, car il s’agit de s’occuper de la mise en place, de débarrasser et d’apprendre progressivement à gérer les stocks. Tous les matins, Eveline Nicolet achète les croissants et les petits pains. Les élèves arrivent un peu avant l’ouverture et participent à la préparation de la cafétéria.

«On apprend beaucoup de choses.»
Kilian

 

Il est presque 9h et Kilian signale que les journaux sont certainement arrivés. Eveline Nicolet lui dit qu’il peut descendre les chercher, même si la discussion en vue de cet article n’est pas encore terminée. Ce que les jeunes apprécient tout particulièrement dans cette activité, c’est de pouvoir bouger plus librement qu’en classe. Si Kilian est d’un naturel calme, Délia améliore sa gestion du stress.

Après plusieurs lundis de travail à la cafétéria du DEF, Délia et Kilian sont-ils toujours aussi contents de leur job? Ils répondent à l’unisson avec un «oh oui!», ne laissant pas de place au doute. Délia précise avec enthousiasme: «Travailler à la cafétéria, c’est vraiment cool et nettement mieux que d’aller à l’école». Quelles compétences développent-ils? «On apprend beaucoup de choses, car on doit aller vers les gens, leur demander ce qu’ils veulent boire ou manger et compter l’argent quand ils repartent», explique Kilian, qui ajoute, tout en en faisant la démonstration, que porter un plateau entraîne l’équilibre. Et Délia de compléter: «On a aussi dû apprendre à faire les cafés, mais finalement ça va, c’est facile à gérer.» De leur point de vue, le plus compliqué, c’est de retenir la commande lorsque tout le monde arrive en même temps, aussi ils ont une feuille récapitulative illustrée sur laquelle ils cochent le nombre de cafés, de chocolats chauds, etc. Les clients de la cafétéria sont-ils parfois trop exigeants? Là, la réponse est aussi chorale, mais avec un grand «non».

«Travailler à la cafétéria, c’est vraiment cool.»
Délia

 

Une fois le service démarré, comme il est agréable d’observer la complicité entre Kilian, Délia et Eveline Nicolet, entre deux vagues de clients! Elle leur demande comment s’est passée leur journée précédente, et leur rappelle ce qu’ils doivent faire, avec patience et douceur. Même pendant les moments de forte affluence, lorsqu’il y a plusieurs tables à servir en même temps, tout se déroule dans le calme et la décontraction.

Lorsqu’ils ont été avertis du changement d’organisation, quelques collaborateurs des services de la formation fréquentant cette cafétéria étaient un peu dubitatifs par rapport à cette expérimentation. Après un petit sondage effectué auprès d’employés travaillant au SE, au SAAJF et du Service des hautes écoles (SHE), les éventuelles inquiétudes se sont vite dissipées pour laisser place à un regard bienveillant envers cette initiative. Les éloges sur ces jeunes fusent. Leur volonté de bien faire et leur implication impressionnent. Plusieurs relèvent aussi le rôle central d’Eveline Nicolet, toujours souriante et sympathique.

 

«Tous les jeunes sont chouettes et c’est un vrai plaisir de les accompagner.»
Eveline Nicolet

  

Nadia Revaz

 


Un projet un peu similaire au niveau de la Ville de Sion


Depuis plusieurs années, au niveau de la Ville de Sion, quelques élèves des classes d’adaptation du CO de St-Guérin sont impliqués dans une démarche un peu similaire, toutefois à plus petite échelle. Carole Schmid, enseignante spécialisée et conseillère communale en charge du dicastère Bâtiments et Constructions où se trouve la cafétéria, relève: «Dans ce projet, la gérante qui accueille certains de nos élèves observe une évolution sur le plan de la confiance en soi ou de l’autonomie, ce qui est complémentaire aux objectifs purement scolaires.» L’initiative testée au DEF a donc été perçue comme un prolongement et un élargissement de celle-ci.


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