Un vent d’audace avec Maxence Carron et Guillaume Maret
Deux jeunes, l’un de 19 ans et l’autre de 22 ans, qui parlent d’audace, de persévérance, mais aussi d’obstacles surmontés, tant sportifs que scolaires, cela ne peut qu’intéresser les lecteurs de Résonances, non?
Guillaume Maret et Maxence Carron lors de leur challenge sportif
Titillons votre curiosité: l’article évoque un challenge sportif et une invitation dans le cadre de la Journée de l’Audace au Palais des Glaces à Paris. Ne trouvez-vous point la devise commune de Maxence Carron et de Guillaume Maret (Prime Athletics), à savoir «Abandonner ne fait pas partie de notre vocabulaire»,puissante? Cette jolie vision de la vie n’est-elle pas à relier avec l’univers scolaire, d’autant que Sébastien Moret, enseignant à l’ECCG-EPP de Sion, et Thierry Jordan, enseignant d’éducation physique au CO de Fully-Saxon, ont participé à certaines étapes de leur aventure?
Maxence avait déjà fait l’objet d’un article dans le mensuel de l’école valaisanne en février 2022, alors qu’il était en 2e année en école de culture générale à l’ECCG de Martigny. Non sans audace, en février 2023 il a repris contact pour donner de l’écho à son projet commun avec Guillaume, mais pour Résonances il semblait plus intéressant d’attendre l’achèvement de la boucle, histoire d’ajouter la dimension de la persévérance.
Maxence est actuellement en stage dans le cadre de sa maturité spécialisée sociale: il effectue une 1re partie non spécifique dans le secteur de la préparation physique au FC Sion qui se prolongera par une 2e partie orientée vers l’événementiel à l’AsoFy, association socioculturelle de Fully. Quant à Guillaume, il travaille en tant que coach au Let’s go Fitness de Conthey, après avoir effectué un CFC de paysagiste et s’être formé dans le domaine du fitness à Genève. Leur défi, consistant à traverser à la nage le lac Léman sur 13 km de Lausanne à Evian, sans être des as de la natation, est parti d’Instagram, avec une touche de folie. Il faut dire que leur modèle à tous les deux, c’est sans hésitation Mike Horn. Pour cette aventure, ils étaient accompagnés par leur coach Damien Crop, mais aussi plus ponctuellement les jours des tentatives de défis par Sébastien Moret et Thierry Jordan. Avec cette équipe composée de trois compétiteurs de renom dans différentes disciplines sportives, ils se sont sentis bien épaulés.
>Maxence Carron et Guillaume Maret à Paris pour parler d’audace
Niaque et détermination
En septembre 2022, leur challenge à la fois sportif et caritatif, car il s’agissait de nager pour soutenir financièrement l'association ProJo, avait dû changer de décor en raison de courants trop forts. Comme Guillaume allait partir pour plusieurs mois aux Etats-Unis, ils ont cherché comment rebondir rapidement et modifié leur plan en nageant 15 km aux Iles à Sion. En ajoutant 2 km au défi initial, ils voulaient marquer leur engagement dans la démarche. Malgré cet objectif atteint selon eux en demi-teintes, ils ont été conviés à la Journée de l’Audace organisée à Paris le 11 juin 2023, au milieu de conférenciers en provenance d’horizons divers. Au départ, ils ne se sentaient guère légitimes, sans compétences extraordinaires à part celle d’oser, cependant à la réflexion ils ont vu là le «kairos» à saisir et ont misé sur leurs forces complémentaires. Lors de cet événement, ils étaient les deux benjamins sur scène et aussi les deux seuls Suisses, les deux seuls Valaisans et les deux seuls Fulliérains. Jamais ils n’ont pour autant perdu de vue la traversée du lac. Après une tentative interrompue en août en raison de la météo, ils ont finalement réussi à accomplir leur périple le dimanche 3 septembre dernier. A leur manière, ils ont prouvé que le cocktail composé de niaque et de détermination peut permettre de réaliser ses rêves.
«C’était cool de vivre ce défi.»
Maxence Carron
«C’est dommage de ne pas mettre plus en avant
les passions des élèves en partant de leurs centres d’intérêt.»
Guillaume Maret
Pour atteindre l’objectif, les deux compères-complices se sont intensément entraînés pendant trois mois. «Le premier mois, on a fait que de la technique en piscine, le deuxième on est allés aux Gouilles à Martigny pour gérer de plus longues distances et le troisième on se contentait de nager», résume Guillaume. Et Maxence ajoute: «C’était parfois difficile à gérer au niveau de l’organisation tant pour l’un que pour l’autre, mais c’était cool de vivre ce défi.»
Un message pour l’école
Leur chemin sinueux pour parvenir à relever leur challenge initial a été semé de désagréments météorologiques, de doutes et de blessures, sans jamais voir poindre l’envie d’abandonner. Les rencontrer était aussi l’occasion de revenir sur leur parcours scolaire, afin de savoir si l’école leur avait insufflé une part de leur audace et de leur persévérance. Guillaume considère qu’elle a joué un rôle positif dans le négatif: «Ayant un trouble de l’attention avec de la dysorthographie, pendant neuf ans j’étais sous Ritaline® et j’avais à l’intérieur de moi une envie de prouver que je pouvais réussir ma vie et que ce n’était pas indispensable d’être bon en classe pour y parvenir.» Et il poursuit: «J’ai vite compris que l’école ce n’était pas pour moi, car il n’y avait pas d’espace pour des compétences moins scolaires et avec le recul je trouve dommage de ne pas mettre plus en avant les passions des élèves en partant de leurs centres d’intérêt.» Un jour, en regardant la vidéo d’une conférence d’Arnold Schwarzenegger, il a compris qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de sa vie, sans avoir à marcher dans des pas tracés par d’autres. Maxence se souvient lui de l’image négative accolée à l’école préprofessionnelle, alors qu’il y a vécu une année épanouissante lui ayant ouvert les portes de ses ambitions: «Si je suis passé par l’EPP, c’est parce que je n’avais pas trouvé de place d’apprentissage de coach sportif et j’en suis heureux, car j’ai rencontré Sébastien Moret qui, avec son côté motivant, son écoute et son empathie, m’a permis de gagner en confiance et de continuer à rêver grand.» Ce qu’il trouve déterminant à l’école, c’est la communication avec les enseignants. Et Guillaume d’ajouter: «J’aurais aimé qu’on me rassure plus en classe, en me disant que ce n’est pas grave de ne pas avoir de bonnes notes en français pour autant que je fasse des efforts et que j’essaye de m’améliorer.» Ce qu’il détestait par-dessus tout, c’est qu’on le stigmatise en disant devant les autres qu’il avait droit à du temps supplémentaire pour terminer un exercice. Et Maxence de considérer qu’on aurait dû apprendre à Guillaume dès l’enfance à dire: «J’ai un trouble de l’attention et alors?».
Sébastien Moret, qui les avait invités à témoigner lors du Festival de talents valaisans à la salle Recto-Verso à Grône, se dit inspiré par le parcours de Maxence et de Guillaume, comme quoi les maîtres peuvent exercer une influence positive sur les élèves et vice-versa. «Avec leur projet au long cours, Maxence et Guillaume donnent un message fantastique aux jeunes et aussi aux adultes, car dans notre société beaucoup abandonnent sans persévérer, oubliant que les champions s’entraînent pendant des années pour gagner quelques petites secondes», commente l’enseignant.
Afin de prolonger la lecture de cet article, suivez Prime Athletics sur les réseaux sociaux et dans les médias, car assurément ils feront encore parler d’eux pour d’autres aventures hors des sentiers battus, avec leur enthousiasme débordant et leur énergie communicative. Là, il est question d’un événement à Fully…
Nadia Revaz