Prix RTS Littérature Ados: le jury valaisan a choisi son coup de cœur
Le mercredi 23 février dernier, le jury valaisan du Prix RTS Littérature Ados a délibéré à la Médiathèque Valais de Saint-Maurice.
Huit jeunes se sont retrouvés le temps d’un après-midi pour élire leur livre préféré de la sélection 2022, en présence de Christine Fontana, coordinatrice de plusieurs projets à ISJM, et d’Evelyne Nicollerat, bibliothécaire responsable de la Documentation pédagogique pour le Valais romand à la Médiathèque Valais de Saint-Maurice et coordinatrice du Prix au niveau cantonal. Quelques accompagnants ont aussi assisté aux délibérations.
Le jury cantonal a choisi son livre préféré parmi la sélection 2022.
Anaï et Louis (CO d’Orsières), Emy et Teo (CO d’Octodure à Martigny), Gaia et Julie (CO de Crans-Montana), Maé (CO de Nendaz), Noah (bibliothèque communale et scolaire de Collombey-Muraz) ont d’abord échangé sur les cinq livres de la sélection. Pour chacun des titres, ils ont ressorti ses forces au niveau de la première et quatrième de couverture, de l’intrigue, des personnages, du style, de l’originalité, etc. Leur analyse est d’autant plus intéressante, qu’ils ont distingué ce qui leur plaisait à eux, les préférences de leur comité de lecture et ce qui pourrait convenir à des élèves n’étant pas de grands lecteurs. Certains membres du jury sont à classer parmi les «dévoreurs» de livres mais pas tous, quelques-uns ayant fait l’effort de lire la sélection, ce qui a enrichi les échanges. Voici un échantillon de leurs commentaires à propos des livres de la sélection, selon l’ordre du tirage au sort.
Moment de discussion en duos pour enrichir l’argumentaire.
A PROPOS DE CHACUN DES CINQ LIVRES
Silent Boy
Pour Silent Boy, les jeunes ont aimé l’attrait de la couverture et le graphisme réussi, avec la retranscription de pages d’un forum de discussions sur internet, en alternance au récit. Certains ont écouté la version audio de ce texte, relevant qu’en ne lisant pas, on se souvenait moins des détails de l’histoire et que l’émotion perdait un peu en intensité. Si le jury estime que ce livre est idéal pour ceux qui n’aiment pas trop lire, il juge la fin de l’histoire un peu «bâclée». Et les voilà qui rajouteraient quelques pages de plus pour ne pas rester sur leur faim.
Olympe de Roquedor
Les membres du jury ont été un peu décontenancés par le vocabulaire utilisé dans Olympe de Roquedor. Certains mots, tels que «fadaise», «baliverne» ou «fatras», ne leur étaient guère familiers, mais une partie du jury s’est vite adaptée, car c’était somme toute en cohérence avec la période non datée au cours de laquelle se déroule ce roman de cape et d’épée écrit à quatre mains ne se limitant toutefois pas à ce genre de textes. S’il leur a fallu un peu de temps pour entrer dans les aventures du trio atypique, ils ont ensuite été embarqués par la modernité d’Olympe, avec son envie de liberté, même si c’est une lecture qui a nécessité pour beaucoup des allers-retours afin de suivre le fil de l’histoire. Selon quelques ados, la carte pour situer les principaux lieux imaginaires de l’intrigue ainsi que les illustrations sont un vrai plus.
Phalaina
Phalaina suscite davantage de débats, car tous n’ont pas le même avis sur ce récit fantastique entrecoupé de lettres au contenu scientifique et évoquant la relation de l’Homme à la nature. Il y a le clan de ceux qui ont adoré la couverture, l’ayant ressentie comme vraiment intrigante, et l’autre qui l’a perçue comme trop sombre et idem pour le côté «trash» de certains passages. Les ados estiment que ce livre, inclassable, est très original et imaginatif, presque trop, étant ainsi parfois un peu compliqué à comprendre, même si l’intrigue est continue. Et en même temps, ils notent que la complémentarité entre magie et science est intéressante.
J’ai 14 ans et ce n’est pas une bonne nouvelle
De l’avis des membres du jury, le titre J’ai 14 ans et ce n’est pas une bonne nouvelle et la couverture ne sont pas très convaincants, alors que l’histoire l’est nettement plus. Ils relèvent le côté universel de la vie d’Elfi, 14 ans, qui voit ses rêves anéantis, avec dans son cas comme horizon un mariage forcé. Pour la plupart, le fait que l’auteure n’ait pas situé où elle vivait est judicieux, car cela permet à chacun de mesurer que cela peut arriver ici et pas seulement ailleurs. La dimension poétique et la citation du début d’un poème d’Emilie Dickinson ont touché quelques lecteurs et l’une des ados relie son rôle à Invictus qui a aidé Nelson Mandela à résister pendant ses années d’emprisonnement. Autre atout, ce livre est adapté à tout type de lecteur.
Même les araignées ont une maman
«La couverture du livre est énigmatique et en lisant la quatrième de couverture, on a envie de lire ce livre», commence par dire l’un des adolescents à propos de Même les araignées ont une maman. Cette lecture n’a pas déçu les membres du jury, ils ont particulièrement apprécié de découvrir que «la télépathie non maîtrisée n’est pas un superpouvoir» et ont trouvé différent qu’il soit question d’un tueur d’animaux et non d’humains dans ce roman. Les seuls points de débat ont concerné le titre, car il a plu aux uns, pour qui aucun autre choix n’aurait été possible, et déplu aux autres, surtout parce qu’on le comprend très tard dans l’histoire, et ils émettent aussi un regret concernant la longueur étirée de quelques passages. «Même s’il est gros, ce livre, dont le vocabulaire est facile et l’intrigue simple à comprendre, se lit assez vite», souligne une élève. En résumé, pour reprendre leurs mots, «c’est un livre avec du suspense, du mystère, de l’action, de la science-fiction, de la fantaisie, un côté roman policier, de l’amour, de l’humour, ce qui peut correspondre a presque tous les goûts, et en plus l’écriture laisse place à l’imagination». Autre avantage de ce livre pour les lecteurs n’étant guère persévérants, on entre directement dans le vif du sujet dès les premières lignes.
«Cette fille n'est pas seulement bizarre.
Elle est un gros bloc de mystère enseveli sous une épaisse couche de secrets.»
Alain Gagnol
Emy et le défendra qu'elle défendra au niveau romand.
Après avoir retenu leur tiercé gagnant, composé de J’ai 14 ans et ce n’est pas une bonne nouvelle, Phalaina et Même les araignées ont une maman, c’est à l’unanimité que le livre d’Alain Gagnol est arrivé en première place. Les délibérations finales au niveau romand auront lieu le 9 avril prochain et c’est Emy qui défendra le coup de cœur valaisan.
Les jeunes lecteurs présents étaient tous d’accord sur un point, à savoir l’importance d’échanger autour de la lecture, regrettant que cela ne soit pas suffisamment le cas à l’école. Et comme le dit l’un des jeunes, «la sélection permet de lire des livres qu’on ne retiendrait pas forcément et qui peuvent vraiment nous plaire.» Ils suggèrent aussi aux enseignants de présenter la sélection de l’année précédente du prix RTS Littérature Ados en classe pour laisser le choix d’une lecture.
Enseignants ou bibliothécaires, soyez attentifs dès la parution dans quelques mois des infos en lien avec la prochaine édition du Prix RTS…
Propos recueillis par Nadia Revaz
Avec de jolis moments de discussion autour des livres.
Pour en savoir plus
www.rts.ch/decouverte/monde-et-societe/culture-et-sport/prix-rts-litterature-ados
www.isjm.ch/prixjurys/prix-rts-litterature-ados
www.e-media.ch/RTS/Prix-RTS-Litterature-ados