Regards d’Yves Rey et d’Hélène Gapany Savioz sur le SHE
Hélène Gapany Savioz, adjointe, et Yves Rey, chef du SHE
Après un master en Sciences industrielles et commerciales et un démarrage de son parcours professionnel en tant que chargé de cours d’informatique à l’Ecole supérieure de cadres pour l’économie et l’administration (ESCEA) à Saint-Maurice, puis comme professeur au sein de la HES-SO Valais, Yves Rey a occupé diverses fonctions dirigeantes au sein de la formation supérieure jusqu’à celle de vice-recteur «Enseignement» de la Haute Ecole de Suisse occidentale (HES-SO). Invité à se définir en quelques mots-clés, Yves Rey a choisi la diversité, la chance et le mouvement. Pour évoquer la diversité de ses centres d’intérêt, il cite sa passion égale pour l’informatique et la musique. Quant à la chance, il relève que rien n’aurait été possible sans des personnes lui ayant fait confiance en le nommant directeur du domaine Economie et services de la HES-SO Valais-Wallis (actuellement la Haute Ecole de gestion de Sierre) à seulement 33 ans. A ses yeux, être en mouvement est important, à l’image du paysage tertiaire en adaptation constante ces dernières années.
Son adjointe a dès ses débuts professionnels mêlé économie, éthique, et perçu l’éducation comme capital de développement. Après de brillantes études universitaires en économie politique, Hélène Gapany Savioz a d’abord travaillé à l’Institut interdisciplinaire d’éthique et des droits de l’homme de l’Université de Fribourg puis à l’Office fédéral de la statistique à Neuchâtel dans le domaine touchant au monitorage de l’éducation, ce qui lui a permis de participer à l’élaboration de nouveaux indicateurs pour les systèmes de formation. Elle a ensuite été engagée comme collaboratrice scientifique au SFT[1] avec des tâches très variées, avant d’accéder au poste d’adjointe en 2013. A noter encore qu’elle a assuré l’intérim à la tête du SHE pendant quelques mois lors de la transition entre le départ de Stefan Bumann, ayant fait valoir ses droits à la retraite fin 2019, et l’arrivée d’Yves Rey.
Le SHE met ses compétences au service de la formation et de la recherche de niveau tertiaire dans et hors du canton avec les accords intercantonaux, et a une part de transversalité dans son ADN. La Cecame (Centrale cantonale des moyens d’enseignement), qui est bien connue des enseignants de la scolarité obligatoire, assure, via ses magasins à Vétroz et à Brig, l’approvisionnement des écoles de la 1H à la 11H en moyens d’enseignement et travaille donc en étroite collaboration avec le Service de l’enseignement. Ce qui a changé depuis ce printemps, c’est l’extension du périmètre du SHE, avec la réorganisation de l’orientation et la formation continue. Il a été décidé de fusionner les deux offices chargés de l’orientation scolaire, professionnelle et de carrière situés à Sion et à Brig pour en faire un nouvel Office englobant également les tâches de coordination des différentes offres de formations continues proposées en Valais en collaboration avec les entreprises et les professionnels.
REGARDS CROISÉS
«Cette approche encore plus systémique me motive.»
Hélène Gapany Savioz
Quels sont les défis du SHE au niveau cantonal, sous l’angle des hautes écoles?
Yves Rey: L’un des enjeux-clés, c’est de s’interroger sur ce que l’on souhaite pour le paysage des hautes écoles à l’horizon 2030. Même si la gestion des institutions fonctionne très bien, le rôle du Service est de se projeter un peu plus loin afin d’anticiper les défis en matière d’éducation et leur articulation dans l’ensemble de la formation, du primaire au tertiaire. Il s’agit aussi d’accompagner nos institutions qui doivent intégrer certaines transformations majeures et rapides liées à la révolution du numérique et aux problématiques écologiques auxquelles le monde est confronté, en instaurant différents niveaux de dialogue, au-delà des échanges bilatéraux.
Hélène Gapany Savioz: Etant très ouverte au changement, cette approche encore plus systémique me motive. Cette nouvelle dynamique pour aborder les challenges qui se posent au Service permet de réfléchir ensemble, dans une approche plus participative. J’ai vraiment l’impression que ce contexte est stimulant pour l’ensemble des collaborateurs du SHE. Quant aux directions des institutions, elles sont demandeuses de davantage d’implications et d’échanges.
Le rapport de recherche thématique annuel du SHE va-t-il perdurer?
Yves Rey: Comme l’outil est excellent, cette initiative de mon prédécesseur sera évidemment maintenue, toutefois à mes yeux pour que ce rapport de recherche ait davantage d’impact sur l’ensemble du paysage valaisan des hautes écoles, il convient d’avoir là encore une approche plus collective, du choix de la thématique au débriefing. Se réunir tous ensemble renforcera une logique de système pensée par et pour les acteurs. Nous avons fait le bilan du rapport sur le e-learning collectivement et je me réjouis du prochain qui abordera une thématique en lien avec la durabilité et l’Agenda 2030 pour le canton du Valais.
Hélène Gapany Savioz: Avec Nathalie Duc, responsable du secteur «Pilotage, évaluation et soutien à la formation tertiaire», nous sentions bien qu’il fallait faire évoluer le concept et avions du reste modestement amorcé le changement avec le rapport paru en février 2021 sur le e-learning, en intégrant les hautes écoles à distance dès nos premières discussions. De plus, j’avais contacté Yves Rey avant son entrée en fonction afin qu’il puisse apporter ses commentaires sur le questionnaire, mais pour la première fois nous allons proposer une démarche multilatérale à toutes les étapes, en essayant de tenir compte au mieux de l’hétérogénéité des identités de nos partenaires. Sachant que l’on échange mieux si l’on se connaît bien, il faut en amont intensifier les occasions de rencontres sur le terrain. Réunir une première fois toutes les institutions autour d’une table, même virtuelle en raison des consignes sanitaires, a initié de nouvelles formes de réseautage.
Véritable pendant de Culture Valais, quel est le positionnement de Science Valais soutenu par le SHE et la Loterie romande et géré par VSnet, réseau scientifique valaisan présidé par Stéphane Roduit dans le cadre de son activité de coordinateur informatique du DEF?
Yves Rey: Nous réfléchissons actuellement sur son positionnement pour que la plateforme Science Valais puisse faire partie des outils au service du système et être un accélérateur dans différentes dimensions. Les Etats généraux de la science nous ont permis d’amorcer cette réflexion et le point qui est ressorti très clairement, c’est le besoin de vulgarisation des activités auprès de la population, dont les écoles, et de partage entre les institutions.
Hélène Gapany Savioz: Ce qui était particulièrement intéressant, c’est que ces Etats généraux de la science ont réuni bien au-delà du périmètre du SHE et de nos institutions partenaires. Ces points de vue complémentaires nous permettent d’encore mieux comprendre les enjeux de la science en Valais.
Le périmètre du SHE s’est récemment étendu, avec l’intégration des missions d’orientation et de formation continue. Même si aujourd’hui la logique des silos est désuète, comment mettre ces différentes partitions en musique?
Yves Rey: Dans notre monde en profonde mutation, l’une des évolutions de paradigme touche à l’employabilité de la population. Le paysage des hautes écoles, celui de l’orientation et de la formation continue connaissent toute une série de changements systémiques, dont l’un des maîtres-mots est le développement de compétences tout au long de la vie. Le SHE est lié à la transversalité du tertiaire et à la verticalité de l’orientation qui traverse tout le système de formation, d’où l’importance d’un dialogue renforcé avec le Service de l’enseignement, le Service de la formation professionnelle ainsi que le Service de l’industrie, du travail et du commerce. Le rattachement de l’orientation et de la formation des adultes au SHE a sa logique, puisque le prisme du tertiaire, en bout de chaîne de la formation, offre une perception plus globale. Bien évidemment l’orientation des jeunes et des adultes doit garantir la neutralité des choix, tout comme c’était le cas avant au SFOP, étant donné que le but n’est absolument pas que tout le monde suive un cursus de niveau tertiaire, d’autant que la force du système de formation suisse réside dans la diversité des parcours et le bon équilibre entre les différentes voies.
Hélène Gapany Savioz: Au niveau du support, l’intégration de toute l’équipe de l’orientation constitue un défi RH important et là encore nous devons apprendre à mieux nous connaître, de manière à définir les rôles de chacun et à avoir en partie une culture partagée. Nous avons déjà eu des rencontres virtuelles ou sur le terrain. D’ici le début de l’automne, une séance de Service, rassemblant toutes les collaboratrices et les collaborateurs du SHE, sera organisée. Outre l’intégration de l’orientation à nos séances de direction, il y a aussi des échanges réguliers entre les secrétariats qui sont instaurés, ce qui facilitera le suivi des tâches administratives. Ces collaborations sont à construire et elles évolueront assurément en fonction des besoins exprimés de part et d’autre pour une organisation fonctionnelle.
«Il s’agit d’intensifier la mise en réseau pour optimiser le système.»
Yves Rey
La formation continue sera-t-elle intégrée dans les locaux de l’orientation?
Yves Rey: Non, le poste fera partie de l’équipe à la rue de Conthey où nous nous trouvons, de façon à assurer des liens aussi bien avec l’orientation qu’avec les hautes écoles.
Hélène Gapany Savioz: La personne nommée aura pour tâche la mise en application de la Loi sur la formation continue des adultes adoptée par le Parlement valaisan en 2020.
Peut-on parler d’une perspective de lente évolution du SHE, loin de toute volonté de révolution?
Yves Rey: Oui, car je reprends un Service qui marchait bien, mais j’espère y amener une impulsion nouvelle dans une logique de consolidation et d’innovation. Ce que font les institutions est d’une qualité remarquable, aussi il s’agit d’intensifier la mise en réseau pour optimiser le système, tout en respectant leur autonomie. Ce n’est pas parce que l’on change de chef de service que tout doit être impacté, d’autant qu’il y a de bonnes pratiques à valoriser et à mutualiser.
Hélène Gapany Savioz: L’échange d’expériences est toujours constructif, d’autant plus si l’on y insuffle du dynamisme.
Qu’est-ce qui occupera votre attention prioritairement ces prochains mois?
Yves Rey: Le nouveau chef de l’Office d’orientation Cédric Vergère devra finaliser la fusion des deux offices régionaux, en créant des passerelles entre le Valais romand et le Haut-Valais, et il s’agira de l’accompagner. Du côté des hautes écoles, nous allons poursuivre notre travail pour créer des synergies dans le paysage valaisan de l’enseignement et de la recherche au niveau tertiaire.
Hélène Gapany Savioz: Il y a beaucoup de chantiers ouverts et d’enjeux liés au pilotage ainsi qu’aux modifications légales. A la suite d’un règlement adopté par le Conseil d’Etat le 31 mars dernier, nous avons aussi reçu le mandat de surveillance des prestataires privés de formation tertiaire. Le SHE s’occupe également de la surveillance des écoles supérieures sur le territoire cantonal. Les défis ne manquent pas.
Propos recueillis par Nadia Revaz
Le SHE sur la toile :
Centrale cantonale des moyens d’enseignement
Le rapport du SHE :
Article paru dans Résonances en mars 2021
[1] Le Service de la formation tertiaire est devenu SHE en 2015 suite à la mise en œuvre de la nouvelle Loi fédérale sur les hautes écoles.